ADVAITA

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L’advaita, dont le nom signifie «non-dualité», est une des doctrines majeures de la philosophie indienne, et la forme la plus répandue de la philosophie dite Ved nta , aboutissement du Savoir par excellence. Les advaitav din sont ceux qui professent la doctrine selon laquelle il n’existe en vérité absolue qu’un seul Être, infini et éternel, sur la réalité foncière duquel reposent toutes les réalités manifestées dans l’univers. Cet Être s’appelle Brahman (nom neutre) ou Param tman , «soi-même suprême». Le soi-même ( tman ) de l’homme, c’est-à-dire sa réalité essentielle – qu’on doit distinguer du sentiment du moi (aha face="EU Updot" 臘k ra ), notion inférieure parce que limitée à l’existence empirique temporelle – n’est autre que le Param tman. Il en est de son incorporation dans la condition humaine comme de celle de l’eau de l’océan dans une cruche qui s’y trouve plongée: quoique délimitée temporairement par les parois, l’eau de la cruche est toujours celle de l’océan. Par la connaissance ( ぐñ na ), l’homme découvre que son substrat permanent d’existence est l’Être universel unique et obtient la délivrance (mok ルa ) des délimitations de la condition humaine qu’impose l’engagement dans l’ensemble des représentations mondaines multiples et fugaces, prises à tort pour la réalité ultime.

1. Situation de la doctrine

La doctrine de l’unicité de l’Être universel et de l’identité de soi-même avec cet Être est évoquée par les Upani ルad , textes fondamentaux de la philosophie brahmanique. Elle est condensée dans une suite d’aphorismes, les Brahmas tra de B dar ya ユa (IIIe siècle après J.-C.). Elle est professée par les philosophes commentant et développant les données des Upani ルad , à partir de Gau ボap da et expliquant les Brahmas tra à partir de えa face="EU Updot" 臘kara (autour de 800 après J.-C.).

La doctrine de l’advaita s’oppose à celle du dvaita , «dualité», qui sépare la réalité de Dieu et celle du monde et qui, dans le Ved nta , est représentée principalement par le philosophe Madhva (XIIIe siècle). Elle s’oppose aussi, d’un point de vue strict, à des doctrines de pluralité qui admettent en outre une réalité distincte pour les âmes humaines et pour le monde.

Les conceptions que les diverses écoles philosophiques ont élaborées sur le rapport de l’Être unique avec la multicité des phénomènes font distinguer plusieurs sortes d’advaita.

2. Absolu et pratique selon size=5えa face="EU Updot" size=5臘kara

La forme absolue, n’admettant aucune autre réalité que le Brahman , fait par conséquent du monde une illusion, tel est le keval dvaita de えa face="EU Updot" 臘kara. Le monde est un rêve bien lié, affirmation qui s’apparente à certaines doctrines bouddhiques. えa face="EU Updot" 臘kara enseigne l’unicité de l’Être isolé (kevala ), c’est-à-dire existant seul, à part du monde des représentations, éternel et infini, exempt de toute qualification (nirguna ) et exempt de toute particularité (nirvi ごe ルha ), à la différence de toutes choses dans l’univers qui, elles, sont limitées par leurs modalités spécifiques et n’ont pas, en elles-mêmes, d’existence propre. Cet «Unique à part» a cependant une essence propre par laquelle il est devenu courant, dans l’école, de le définir comme étant le réel, l’esprit et la béatitude (saccid nanda ). Toute l’école fait du monde sensible une fantasmagorie (m y ) inconsistante, qui séduit par l’effet de l’ignorance (avidy ) et qui est produite par un processus extérieur (vivarta ). L’individualité vivante (j 稜va ), aveuglée par l’ignorance, se voit des délimitations phénoménales (up dhi ) dans un monde fait des représentations qu’elle a elle-même de ce monde. L’individualité psychique, produit des expériences individuelles fallacieuses éprouvées en ce même monde, s’attache à lui et y transmigre de corps en corps, jusqu’à l’acquisition de la connaissance de l’Être unique véritable qui détermine la dissolution de l’individualité phénoménale. Mais, délivré vivant (j 稜vanmukta ), celui qui connaît ce qui appartient au sens suprême (p ram rthika ) peut continuer à opérer dans le domaine de la réalité pratique (vy vah rika ). Aussi les maîtres successifs qui ont présidé aux institutions créées par えa face="EU Updot" 臘kara ont-ils toujours gardé un rôle de guides spirituels et parfois joué un rôle politique (inspirant, par exemple, la fondation au XIVe siècle de l’empire de Vijayanagar).

3. R size=5m size=5nuja et la réalité du monde

La deuxième des formes majeures de l’advaita est le vi ごi ルレ dvaita enseigné par R m nuja (XIIe siècle), populaire chez les adorateurs de Vi ルユu, particulièrement chez les えr 稜vai ルユava. L’Être suprême sans second n’existe pas seulement à part, isolé du monde illusoire, mais encore il est présent dans les choses particularisées (vi ごi ルレa ) du monde phénoménal, et notamment dans les manifestations de Vi ルユu sous forme de manifestations divines personnelles et d’incarnations à la portée des hommes. Cette doctrine, sans donner au monde phénoménal la plénitude de l’Être éternel et infini, le tire de cet Être par évolution (pari ユ ma ) et non plus par processus extérieur (vivarta ). Elle expose et établit scolastiquement la conception exprimée par les saints vichnouistes tamouls (face="EU Upmacr" face="EU Domacr" 賈v r), et dont R m nuja, tamoul lui-même, était pénétré. Namm face="EU Domacr" 賈var, en effet, avait déjà chanté l’Être suprême comme substrat nécessaire de toute existence, même de toute existence temporelle et illusoire, même du néant qui, sans participation à l’existence, n’aurait pas lieu. Ceci implique, pour R m nuja, que l’Être suprême dans son unicité jouit de particularités ou différenciations (vi ごesa ) qui composent son unité sans la rompre, d’où une interprétation courante du terme vi ごi ルレ dvaita comme désignant une «unité à différenciations». Différenciés sont les trois groupes d’entités génériques diversifiant en ses manifestations l’essence commune de l’Être: le Brahman , le cit , particularité spirituelle du Brahman manifestée dans les âmes humaines, et l’acit , particularité non spirituelle du Brahman manifestée dans l’univers matériel.

4. Destinée de la doctrine

Proche de celle de R m nuja, la doctrine de Nimb rka (XIIe siècle) est celle du bhed bheda. Elle reconnaît, elle aussi, trois entités fondamentales: 稜svara, le «Seigneur»; cit et acit , entre lesquelles il y a à la fois distinction (bheda ), puisqu’elles se manifestent différemment, et indistinction (abheda ), parce qu’elles participent de la même existence commune, d’où le nom du système: «distinction et indistinction» (aussi dvait dvaita «dualité et unicité» ou «unicité dans la dualité»). Pour Nimb rka, les trois entités sont séparées par une distinction naturelle malgré leur unité foncière d’essence réelle, tandis que pour R m nuja elles ne sont séparées qu’en tant que particularisations de l’Être unique. Lors de rapprochements entre la philosophie brahmanique et l’islam soufi, rapprochements qui ont surtout pris corps avec le prince mogol D r えukoh (XVIIe siècle), c’est la philosophie de Nimb rka, plaçant l’Être suprême, ou Dieu, au-dessus de tout, mais le distinguant de l’homme et du monde, qui a fourni le principal apport brahmanique.

Le ごuddh dvaita , la «pure unicité», a été professé par Vallabha (1479-1531). Seul Brahman existe. Il n’y a pas d’illusion (m y ), ou de production par évolution (pari ユ ma ), ou de distinction (bheda ) entre le Brahman , l’individualité vivante (j 稜va ) et le développement phénoménal (prapañca ), qui ne sont que des manifestations ( virbh va ) du même Brahman.

5. Son importance dans la civilisation hindoue

L’advaita , en tant que doctrine affirmant l’unicité de l’Être suprême, quelle que soit la forme conçue pour le rapport de l’homme et du monde phénoménal avec lui, a dominé largement les philosophies et les religions hindoues. Il est, même quand les textes n’emploient pas son nom, la doctrine principale des plus vastes communautés, et a été professé et discuté par d’innombrables auteurs, dans les domaines shivaïte et vichnouiste. Les formes qu’il revêt dans la Bhagavadg 稜t , la littérature des gama shivaïtes, dans celle du えaivasiddh nta , doctrine reposant sur les gama et illustrée par nombre de traités sanskrits et tamouls, dans celle du shivaïsme du Cachemire ou dans celles des Vaikh nasa et du Pañcar tra vichnouites, sont tantôt celle de l’unité absolue de l’ensemble de l’Être suprême, de l’homme et du monde, tantôt celles de leurs existences distinctes; mais, de toute manière, l’unicité de l’Être suprême, Dieu impersonnel ou personnalisé, est affirmée et placée en essence dans le non-manifesté (avyakta ), au-dessus du manifesté (vyakta ). Si l’ontologie admet deux ou plusieurs plans, celui de l’Être englobant toute existence est unique.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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